Le ridicule ne tue pas

Publié le par HAMMAD

Intolérance et pouvoir

Il fallait enregistrer la manière très singulière dont le représentant du ministère des Affaires religieuses a expédié la question de l’incursion d’un groupe d’individus, samedi passé, à Tizi Ouzou, dans un local pour en déloger les citoyens chrétiens qui y étaient réunis. “La célébration de Noël coïncide avec deux fêtes religieuses musulmanes… À mon avis, c’est ce qui a tendu un peu le climat entre les deux communautés”, explique le haut fonctionnaire.
Habile manière de renvoyer dos à dos agresseur et agressé. Et de réduire une descente collective à une vague tension. La “pensée” de réconciliation nationale au pouvoir : le conflit, quand il est l’effet de l’intolérance islamiste, est toujours déclaré accidentel, d’origine immanente. Seul compte le calme qui succède à la violence. Il n’est jamais bon de rendre justice à la victime.
Quelques travailleurs se réunissent pour crier leurs revendications et c’est l’alerte de la troupe et la saisine de la justice. Mais que des islamistes descendent imposer leur ordre, et c’est l’État qui vient essuyer les plâtres et s’employer à ne pas “surdimensionner” l’affaire, comme le précise le porte-parole du ministère du culte. Il n’était pas nécessaire d’inventer “une tension” qui n’ a jamais existé entre deux soi-disant communautés pour justifier le fait accompli délibéré d’une association d’intolérants contre un groupe de personnes qui vaquaient à leur culte.
Outre qu’on ne perd aucune occasion d’accabler la région concernée par l’incident de toutes les “déviances”, l’obligeant indéfiniment à apporter la preuve de son intégrité patriotique et identitaire, on voudrait nous faire croire que la “tension” – la pugnacité – serait bilatérale entre chrétiens et les… musulmans donc ! Une bande de sectaires excités attaquant des concitoyens parce qu’ils s’adonnent à la pratique d’une autre religion représenterait alors l’autre communauté, la communauté des musulmans !
Dit par un haut responsable de l’institution garantissant la liberté constitutionnelle du culte, cela en dit long sur la perception officielle de notre réalité socioculturelle. Les islamistes n’expriment pas un fait social, mais un projet totalitaire transnational conçu en laboratoire idéologique contre la tolérance des cultures populaires.
Et le responsable de passer sans transition à “la nécessité de faire respecter la loi”, parce que “le rite religieux doit s’exercer dans un cadre réglementé”. Mais à qui la loi doit-elle s’appliquer en priorité ? À celui qui prie dans un endroit non agréé ou à celui qui se donne le droit de faire appliquer la loi par l’usage de sa force personnelle ?
Le même responsable nous apprend que le ministère “n’était pas contre la construction d’églises”. Tout est bon pour botter en touche. Là où il est question de condamner un acte d’intolérance, il fait dans la profession de foi.
C’est par cette démarche d’active passivité que le pouvoir a toujours ouvert les boulevards par lesquels l’intégrisme a envahi tous les espaces de liberté dans le pays. Le système croit s’en tirer avec le marché tacite qu’il a toujours proposé à l’islamisme : on te livre la société ; tu nous laisses le pouvoir.

M. H.
musthammouche@yahoo.fr
  

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article